Il est de ces mouvements artistiques qui transcendent les générations. Le phénomène BMW Art Cars est assurément de ceux-là.
À l’occasion de son 50ème anniversaire, et dans le cadre du BMW Art Car World Tour, Rétromobile accueillera en 2026 une exposition inédite dédiée à ce mouvement artistique si particulier. Situé au cœur du pavillon 7.2, cette dernière sera l’occasion unique d’apercevoir les 7 BMW ART CARS ayant participé à la mythique compétition des 24H du Mans. De la BMW 3. CSL d’Alexander Calder à la BMW M Hybrid V8 de Julie Mehretu en passant par la BMW M1 d’Andy Warhol et la BMW M3 GT2 de Jeff Koons… toutes ses œuvres d’art roulantes se laisseront observer à l’occasion du 50ème anniversaire de Rétromobile.
BMW Art Cars : genèse d’un mouvement artistique à part entière
Rapprocher l’univers des 24 Heures du Mans du monde de l’art : l’idée vient de passer le cap des cinquante ans.
En 1975 Hervé Poulain, commissaire-priseur et gentleman-driver à ses heures, rêve de participer à l’épreuve reine du sport automobile. Il a alors l'idée de faire peindre la carrosserie d'un bolide par un artiste de renommée internationale. Reste à trouver un constructeur suffisamment ouvert d'esprit pour souscrire à cette singulière démarche. Sollicité, Renault ne donne pas suite. Me Poulain narre ses déboires à Jean Todt. Alors un navigateur respecté, l’ancien président de la FIA pige vite l'intérêt du projet et joue les entremetteurs auprès de Jochen Neerpasch, le directeur de BMW Motorsport. Soutenu aussi par le Dr Avenarius, directeur de la communication de la firme bavaroise, l'auguste dessein du commissaire-priseur obtient le feu vert de la direction en février 1975.
Calder et BMW : une rencontre sous le signe de l'art
Au moment où BMW s'apprête à changer de dimension avec le lancement de la Série 3, ce projet contribue à élever le sens de l'engagement du constructeur en sport automobile. Le choix du peintre et sculpteur Alexander Calder s'avère un atout. L'Américain jouit d'une excellente réputation auprès de la maison munichoise. C'est ainsi que débute l'épopée des Arts Cars. « L'usine fournissait la maintenance, la logistique, la voiture et, après la course, garantissait son inaliénabilité. Le choix de l'artiste m'incombait et j'engageais la voiture sous mon nom et ma responsabilité », raconte Hervé Poulain.
Avant même d'arriver en terre sarthoise, les instigateurs du projet ont gagné leur pari. Partout où il passe, le coupé 3.0 CSL, vierge de toute publicité, remporte l'adhésion. Décorée d'aplats de trois couleurs primaires, le rouge, le jaune et le bleu, la BMW détonne au milieu des autres bolides. Pour assister «le rookie» Hervé, on trouve deux pointures : Sam Posey, l'un des pilotes officiels de BMW dans le championnat américain IMSA, et Jean Guichet, vainqueur de l'édition 1964 des 24 Heures du Mans. La démonstration tourne court, mais l'écho planétaire que cet engagement a suscité encourage BMW à renouveler l'expérience.

BMW Art Cars : d’expérimentation artistique à phénomène mondial

BMW Art Cars : une relève nommée Franck Stella & Roy Lichtenstein
Pour 1976, il est admis que Frank Stella pose sa signature sur un coupé 3.0 CSL biturbo de 750 chevaux, intellectualisant la science des ingénieurs en habillant la carrosserie d'un décor de papier millimétré. Capricieux, ce monstre abandonne très vite.
Changement de décor l'année suivante. BMW tourne la page et introduit sa Série 3 Silhouette. Comme ses prédécesseurs, l’Américain Roy Lichtenstein dispose d'une liberté d'expression totale. Lors du vernissage, le 6 juin 1977, à Beaubourg, les happy few découvrent le lyrisme de l'inventeur du mouvement figuratif : des lignes jaune citrine, des points bleu foncé et des bulles vertes se partagent la carrosserie. À leur manière, ces symboles du lever et du coucher du soleil évoquent le cycle des 24 Heures. L'histoire sourit enfin. La BMW 320 franchit la ligne d'arrivée à la neuvième place, empochant au passage la victoire de classe.
BMW Art Cars : Warhol danse autour de la M1
Année 1978 : c'est au tour d'Andy Warhol, devenu célèbre pour ses sérigraphies de boîtes de soupe Campbell puis de portraits de célébrités, d'apposer sa signature sur la 320. Me Poulain reçoit une maquette recouverte d'un papier peint à motif de fleurettes roses, vitres et pare-brise compris ! Bien que décontenancé, BMW accepte le projet et se ravise à un mois du Mans, faute de voiture prête.
Warhol a le droit de revenir. Les formes de la M1, le nouveau coupé sportif que la firme allemande a décidé d'engager, inspirent le New-Yorkais. Il exécute deux idées très différentes. La première est une impertinence, la sportive est entièrement recouverte d’un camouflage kaki, rapidement écartée par le Dr Avenarius. L'autre maquette est retenue, mais les jets et les coulures de peinture dénués de contours sont techniquement impossibles à transposer. À moins que… Warhol vienne lui-même à Munich peindre son œuvre sur la coque. L'artiste s'exécute et investit le studio. Durant plusieurs jours, il badigeonne la M1 à main levée avec des pinceaux. Le résultat est sensationnel avec ses flaques de couleurs dégoulinantes annonçant le Bad Painting. La M1 se classe sixième d’une épreuve marquée par la pluie.
Durant l'hiver 1979-1980, Jasper Johns renonce à peindre la M1, faute d'idée ! Également sollicitée, Niki de Saint Phalle refuse. Autre grande figure du pop art, l'Américain James Rosenquist hérite des maquettes. Il a rendu sa copie lorsque BMW renonce à aller au Mans, n'ayant pas de voiture disponible. Si Me Poulain ne courra plus au Mans sur une voiture bavaroise, le constructeur poursuit la lignée des Art Cars.


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